Protector, l’Uber de la sécurité privée : luxe, armes et controverses à portée d’app

Une sécurité personnelle à la carte, made in USA
À Los Angeles et New York, la startup Protector révolutionne la protection rapprochée. En quelques clics sur une application mobile, il est désormais possible de réserver un garde du corps armé, personnalisable comme un Uber haut de gamme. À partir de 1 000 dollars pour cinq heures, le service attire déjà une clientèle huppée, mais provoque un débat brûlant sur l’éthique et la légalité d’un tel modèle.
L’ultra-personnalisation, nouveau standard du luxe
Sur l’appli, l’utilisateur peut tout choisir :
- le profil de l’agent (ancien policier, militaire, agent des forces spéciales)
- le véhicule (Cadillac Escalade ou Chevrolet Suburban)
- la tenue (costume chic, look tactique ou style casual pour rester discret)
Une approche premium, parfaitement alignée avec les standards du luxe sur-mesure. « Uber with guns », résume Nikita Bier, ex-cadre chez Meta et investisseur. Le tout repose sur une interface intuitive, qui reflète la tendance actuelle : privatiser la sécurité à l’ère de l’insécurité grandissante.
Quand la peur devient un marché
Le lancement de Protector a coïncidé avec des faits divers marquants, comme l’assassinat du PDG Brian Thompson à New York en décembre dernier. L’entreprise a su en tirer parti à travers une campagne de storytelling choc diffusée sur les réseaux sociaux : vidéos de mises en situation où les agents interviennent pour dissuader, riposter ou porter secours.
Nick Sarath, fondateur de l’application à seulement 25 ans, se défend de toute récupération :
« La police ne peut pas être partout, tout le temps. Protector est là pour combler les vides. »
Nick Sarath
Un discours marketing calibré, qui surfe habilement sur le climat anxiogène des grandes métropoles américaines.
Cadre légal : une zone grise à haut risque
Mais derrière l’appli ultra-connectée, des zones d’ombre juridiques subsistent.
Pour exercer en tant que bodyguard armé, il faut une licence BSIS, un permis d’armes, et une formation poussée en protection rapprochée.
Or, certains experts comme Bruce Thomas, ancien agent des services de sécurité, alertent sur la facilité d’accès à ces services pour le grand public.
Protector affirme se baser sur le Law Enforcement Officers Safety Act, qui autorise certains anciens agents à porter une arme à feu. Mais des spécialistes conseillent de vérifier la couverture d’assurance, notamment en cas d’intervention armée ou d’incident grave.
Une privatisation inquiétante de la sécurité ?
Avec Protector, la sécurité devient un luxe privatisé. Ce n’est plus seulement l’apanage des stars ou des hommes politiques, mais un produit à la demande, réservé à ceux qui peuvent payer.
Une tendance qui interroge : le monopole régalien de la police est-il en train de vaciller au profit du secteur privé ?
Alors que la peur s’installe durablement dans les esprits, l’Amérique semble glisser vers un modèle où la tranquillité d’esprit s’achète sur smartphone, à coups de centaines de dollars de l’heure. À l’image d’un Uber Black, mais avec une arme au poing.
FAQ : ce qu’il faut savoir sur Protector
- Qui sont les agents proposés par Protector ? : Principalement d’anciens policiers, militaires ou agents d’élite formés au combat, au secourisme et à la gestion de crise.
- Quels types de véhicules sont proposés ? : Des SUV robustes et haut de gamme comme le Cadillac Escalade ou le Chevrolet Suburban, idéaux pour la protection mobile.
- Combien coûte le service ? : À partir de 1 000 $ pour 5 heures, avec des options supplémentaires selon les besoins (discrétion, armement, etc.).
- Est-ce légal ? : Le cadre légal est complexe. Protector affirme que ses agents respectent la loi, mais des experts appellent à la vigilance sur les licences, la formation, et l’assurance.
- Ce modèle est-il exportable en Europe ? : Peu probable à court terme. En Europe, les règles encadrant la sécurité privée armée sont bien plus strictes et souvent interdites au grand public.