Deux ans après la rupture fracassante de leur collaboration, Adidas et Kanye West ont finalement trouvé un accord à l’amiable, marquant ainsi la fin d’une bataille juridique qui opposait le rappeur américain à la marque aux trois bandes. L’annonce a été faite le mardi 29 octobre 2024, mettant un terme à l’une des controverses les plus médiatisées de l’industrie de la mode et du streetwear.
Retour sur la polémique
L’origine du conflit remonte à octobre 2022, lors de la Paris Fashion Week, où Kanye West, alias Ye, avait suscité un tollé en arborant un tee-shirt portant l’inscription “White Lives Matter”, un slogan récupéré par l’extrême droite américaine. Quelques jours plus tard, le rappeur avait aggravé son cas en tenant des propos antisémites sur ses réseaux sociaux, provoquant une vague de condamnations à travers le monde.
Face à l’ampleur de la controverse, Adidas, qui collaborait avec Kanye West depuis 2013 pour la production et la commercialisation de la ligne Yeezy, avait décidé de rompre immédiatement son contrat avec l’artiste. “Après un examen approfondi, la société a pris la décision de mettre fin immédiatement au partenariat avec Ye. Adidas ne tolère pas l’antisémitisme ni toute autre forme de discours haineux”, déclarait alors la marque dans un communiqué officiel.
Un impact financier majeur pour Adidas
La rupture du partenariat n’était pas sans conséquences financières pour Adidas. La gamme Yeezy représentait une part importante de ses revenus, et la marque se retrouvait avec un stock d’environ 1,2 milliard d’euros de marchandises invendues. Pour minimiser les pertes, l’entreprise allemande avait pris la décision d’écouler ces stocks à prix coûtant, reversant une partie des bénéfices à des associations engagées dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Malgré ces mesures, Adidas a accusé une baisse significative de son chiffre d’affaires en 2023, impactée par la disparition des ventes Yeezy. Le PDG d’Adidas, Bjørn Gulden, avait d’ailleurs déclaré que cette affaire avait représenté un “défi considérable” pour la marque, qui tentait de reconstruire son image et de diversifier ses offres pour compenser cette perte.
Une bataille juridique intense
Depuis la rupture, Kanye West et Adidas s’étaient engagés dans une bataille judiciaire complexe. Selon une publication Instagram de Kanye West en février 2024, Adidas lui réclamait pas moins de 250 millions de dollars. L’artiste, de son côté, accusait la marque de continuer à exploiter ses designs sans son accord.
Les tensions entre les deux parties ont atteint leur paroxysme avec des déclarations publiques cinglantes et des démarches légales croisées, laissant planer le doute sur une possible résolution du conflit. Cependant, contre toute attente, les deux camps ont trouvé un terrain d’entente en octobre 2024.
Un accord à l’amiable
Lors d’une conférence téléphonique tenue cette semaine, Bjørn Gulden a annoncé la fin du litige : “Les deux parties ont déclaré qu’il n’était plus nécessaire de se battre et ont retiré toutes les plaintes.” Selon Adidas, l’accord ne prévoit aucune transaction financière : “Nous ne lui devons plus rien et il ne nous doit plus rien. Cela règle l’affaire. Ce qui s’est passé appartient désormais au passé.”
De son côté, Kanye West n’a pas fait de commentaire officiel, mais ses proches affirment qu’il souhaite tourner la page et se consacrer à de nouveaux projets artistiques et entrepreneuriaux.
Quelles conséquences pour l’avenir ?
Si cet accord met un terme aux démêlés judiciaires, il soulève également des questions sur l’avenir de la ligne Yeezy et sur la stratégie d’Adidas. La marque allemande, désormais débarrassée de ses obligations envers Kanye West, devra redoubler d’efforts pour regagner du terrain face à la concurrence, notamment Nike et Puma.
Quant à Kanye West, cet épisode pourrait marquer un tournant dans sa carrière. Bien que son influence reste forte, son image publique a été ternie par ces controverses. Reste à voir s’il parviendra à rebondir et à retrouver la confiance des marques et du public.
